Staatskapelle Berlin & Daniel Barenboim: Bruckner
A propos du spectacle
On s’aventure dans les symphonies de Bruckner comme au cœur d’une forêt profonde : ombres et lumières, peur et magie, silence et volubilité s’affrontent au fil de ces pages où chaque thème est une épopée, chaque mouvement une cathédrale.
Mais l’œuvre de ce « mystique gothique égaré dans son siècle » ne se conçoit pas en dehors des épreuves qu’il a subies, que l’on y retrouve transfigurées. « Inutilement et sans but, ma vie a perdu toute joie et tout plaisir » : la Cinquième Symphonie avait surgi dans l’une des périodes les plus sombres de l’existence du compositeur, d’abord sous la forme d’un Adagio sublime et désolé, déchirant poème de solitude. Cette partition audacieuse, que Bruckner lui‐même surnommait « La Fantastique » est pourtant la plus classique de toutes : il l’adoubait comme son « chef‐d'œuvre de contrepoint », écrit pour la seule gloire de la musique pure.
Mystère mélodique et influx intérieur constituent le socle de la Huitième, la plus monumentale et l’une des plus belles de toutes, quelquefois surnommée « symphonie du Destin » par analogie avec la Cinquième de Beethoven, écrite selon la même tonalité d’ut mineur.
Page crépusculaire à la désespérance poignante, aux sonorités fabuleuses, la Huitième de Bruckner hurle sa douleur en d’impensables déchaînements orchestraux. Mais « le ménestrel de Dieu » veut surtout y insuffler les vertiges de la foi, la conquête et la révélation de la vérité divine par ses puissantes architectures sonores où se côtoient lyrisme et rigueur, portées par un inépuisable souffle mystique agitant les profondeurs de cet océan romantique.