Orchestre de Paris: La Cinquième de Beethoven
A propos du spectacle
N’omettre ni les plus grandes œuvres — les absolues -, ni les plus rares, les plus individuelles. Ne négliger ni le sens de l’hstoire, ni l’importance esthétique. C’est tout l’enjeu d’une programmation selon Christoph Eschenbach.
Au mois de mai, il y a soixante‐cinq ans, l’Allemagne nazie capitulait. Martinů laissait pour ses compatriotes tchèques massacrés son Mémorial de Lidice, intense et douloureux, du nom d’un village qui subit le même sort de représailles qu’Oradour‐sur‐Glane en France. On y entend fugace l’écho des quatre premières notes de la Cinquième Symphonie de Beethoven, signal sonore de la résistance pendant la guerre. Quatre notes devenues banales, mais qui ouvrent sur une musique toujours surprenante quand on vient la rencontrer en concert.
Il en va de même, paradoxalement, de celle de Schnittke, l’un des plus étonnants compositeurs du XXe siècle, aux antipodes de Beethoven l’universel. Schnittke disait lui‐même qu’il avait décidé de faire son chemin "à pied", refusant les transports bondés de l’art moderne et ses courants établis. Il a choisi — puisque toute la musique est là, accessible, Beethoven, d’autres plus anciens, plus populaires et aussi l’avant‐garde la plus récente — de s’approprier tous ces styles. Il marche ainsi dans les traces de Mahler ou de Chostakovitch, qui a connu comme lui l’angoisse de la censure soviétique. L’Orchestre de Paris a joué régulièrement au fil des années la musique de Schnittke, invitant ceux qui, à Moscou, avaient soutenu le compositeur et créé ses œuvres : Rostropovitch, Rozhdestvensky et Bashmet, commanditaire du Concerto pour alto. C’est Tabea Zimmermann qui prend sa relève, pour cette œuvre tour à tour émaciée, colérique, résignée.